Un solitaire dans la brise
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L'expérience du dernier National sur le lac du Der, ou le vent fut violent avec 6 chavirages, m'a donné l'occasion de pratiquer le Maraudeur, en régate, en solitaire et par force 5. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas si difficile que cela pour peu que l'on ait le bon matériel et que tout fonctionne bien à bord. Je fais ici un bref rappel des points essentiels qui permettent de finir au sec :
Préparer le bateau.
Cette évidence est parfois omise. Et prendre un ris en navigation avec un Maraudeur est un exercice difficile. J'ai pour ma part choisi de prendre le ris au port, me disant que si l'occasion se présentait, je le larguerai aussitôt. Je n'ai pas eu cette occasion le samedi, le vent forcissant régulièrement. Il est sur que si j'avais tenté de réduire la voilure en navigation, cela aurait été quasiment impossible. Les performances du bateau restent bonnes malgré le ris, et à mon avis il ne faut pas hésiter à réduire.
Réduire sa voilure
C'est aussi avoir un enrouleur qui fonctionne bien, c'est-à-dire même avec un fort vent. Ce n'était pas le cas le samedi pour moi, car une pièce s'étant légèrement tordue, le bout de rappel sortait du tambour. Il devenait impossible dés lors de réduire. Entre chaque manche, j'allais me mettre à l'abri de la berge, pour remettre tout en place. Pas marrant, marrant quand on est tout seul à bord d'aller jouer sur l'avant du bateau ... Mais c'était pour moi un gage de sécurité que j'ai d'ailleurs utilisé à plusieurs reprises, en enroulant mon génois au plus fort des rafales, passant alors au travers du grain sous seul grand voile à un ris. Évidemment, difficile d'aller aussi vite que les concurrents. Il s'agit alors surtout de « sauver les meubles », en ne cherchant pas à faire de cap. A l'inverse, avec toute la toile, laisser faseyer en lofant (avant du génois) permet de réduire artificiellement la surface tout en gardant le bateau assez plat et de laisser passer la rafale sans trop dériver.
Gérer l'urgence
Larguer la puissance en toute circonstance et dans toutes les positions, inclus les dents plantées dans le liston, c'est le défi relevé pour naviguer dans la brise. Le secret c'est bien sûr des taquets d'excellente qualité (Harken pour ne pas les nommer), une écoute de grand voile de bon diamètre, c'est-à-dire pas trop grosse par rapport aux poulies, et un bon hâle bas, qui permet à la grand voile de s'ouvrir facilement en gardant sa forme d'aile d'avion. Sous spi, comme au près avec la grand voile, toujours garder l'écoute à la main pour laisser un peu partir la voile si la gite devient trop importante. Enfin, il faut rester très vigilant sur le largage du foc, qui, s'il est mal fait ou si la contre écoute reste bloquée, peut envoyer tout le monde au tapis. Bref le matériel doit être au service du solitaire et non l'inverse.
Question de souplesse
Mon mat de 470 a été un grand artisan du maintien de TapavuMirza en position verticale. Sa souplesse a permis d'encaisser toutes les rafales, sans le grand coup de gite habituel qui nous redescend jusque dans les reins. Et si bien sûr, le profil du mat peut paraître impressionnant (bien que contrôlé avec des bas haubans), c'est lui qui donne un peu de repos au solitaire et lui assure une relative sérénité. Du coté souplesse, il faut aussi mentionner qu'être seul à bord peut aussi devenir un avantage pour réagir vite et bien. Se jeter sur la dérive devient une évidence lorsque plus rien ne va, et le poids même plus faible, ira plus vite au bon endroit pour récupérer la situation. Par manque de mon équipier habituel, j'ai dû cette année encore régater en solitaire. Je n'étais d'ailleurs pas le seul sur le plan d'eau, et aucun des solitaires ne s'est retourné. Il faut le reconnaître, j'étais un peu fatigué le soir, mais finalement c'était jouable.