Même pas besoin, une fois sur l’eau, de fermer les yeux pour se croire dans une grande baie maritime.L’ambiance y est analogue par bien des aspects. Il est même conseillé de garder les mirettes grand ouvertes : c’est beau. |
Rovan aux « Six heures du Der » : six heures de régate, deux jours de plaisir !
Est-ce notre seizième place sur vingt sept bateaux classés (classement toutes classes, et 11ème sur 15 dans le classement croiseurs légers du YC Der) qui nous rend si heureux d’avoir participé aux « Six heures du Der » ? Pas seulement ! C’est vrai : pour notre première régate disputée selon les règles du Handicap National, et alors que nous pensions finir dans le peloton de queue, cette place nous a tout à la fois surpris et ravis. La fin de la régate disputée par vent fort nous a permis de faire un dernier tour rapide et avantageux. Naviguer ensemble aurait suffi à nous rendre heureux. Puisque Éole nous a offert la cerise sur le gâteau…Nous la croquons !
Notre plaisir,
Mesuré à la modestie du rang et aux capacités intrinsèques du Maraudeur peut susciter des commentaires ironiques. Aucune importance ! Nous avons quitté le lac du Der, les coffres de Rovan remplis à bloc de très bons souvenirs. On ne serait pas plus heureux si nous revenions des Indes chargés d’épices. Deux belles journées de navigation par des vents très variés en force, et très variables en direction, que demander de plus ?
Durant la régate des Six heures, Rovan est ainsi passé, après un départ donné par petit vent, de zéro nœud en milieu de parcours au pire de la pétole, à de fréquents départs au planning en fin de parcours. Des vents d’orage animèrent en effet la fin de l’épreuve. La veille, une quinzaine de nœuds de vent et un grand soleil, nous avaient permis une agréable promenade. Nous ne connaissions pas ce magnifique plan d’eau. Il vaut le déplacement. Dédié à la régulation des crues de la Seine, sa surface varie de 1000 à 4800 hectares en fonction de son niveau de remplissage.
Naviguer sur le lac du Der,
encore bien rempli, à cette époque est un vrai plaisir. Il est au cœur d’une campagne préservée, émaillée d’intéressantes maisons construites à pans de bois et colombages. Même pas besoin, une fois sur l’eau, de fermer les yeux pour se croire dans une grande baie maritime. L’ambiance y est analogue par bien des aspects. Il est même conseillé de garder les mirettes grand ouvertes : c’est beau. Et d’aller explorer les nombreuses anfractuosités des rives. Certaines zones ont tout d’un bel aber breton. L’accueil très chaleureux réservé aux régatiers venant de loin par le Yachting Club du Der, (organisateur des Six heures du Der), mérite de sincères éloges.
Arrivés le vendredi soir, et n’espérant nous installer que le lendemain matin, nous avons pu le faire illico presto. Le capitaine du port de Nemours, l’un des trois ports du Der, découvrant inopinément Rovan sur un parking extérieur au club, est spontanément venu à notre rencontre à la table du petit snack champêtre où nous dînions. Un établissement modeste mais très sympathique. Daniel Laurent, autorité portuaire et par ailleurs président du Yachting Club du Der(*), nous a ouvert l’enceinte du club situé quelques centaines de mètres plus loin derrière la barrière.
Profitons-en
pour dire que le jambon braisé frites servi chez Colette est d’un remarquable rapport qualité-quantité-prix. Installée là depuis dix huit ans la patronne, d’une gaîté communicative, connaît tout le monde. Et, elle aussi, très accueillante. Sa guinguette est à sept minutes à pied du fond du parking à bateaux. Le port de Nemours, à quelques kilomètres du premier village, est d’une grande tranquillité la nuit. Pas de bruit. Très peu d’éclairage artificiel : au Der, on voit donc distinctement la voie lactée, un plaisir devenu inaccessible dans les zones urbaines pour cause de pollution lumineuse.
Nous avons pu naviguer toute la journée précédent le dimanche de régate, habiter la camionnette de Claude avec vue sur le lac en toute quiétude, mettre à l’eau sur une cale très pratique, disposer d’une place de ponton, accéder aux sanitaires tout le week-end au prix de la seule inscription du bateau à la régate : 10 euros. A noter encore, pour les adeptes du transport combiné rail-route (l’équipage de Rovan est jurassico-francilien !), la proximité de la gare SNCF de Saint Dizier située à 12 kilomètres du port de Nemours. Difficile de réduire encore plus l’empreinte écologique du Maraudeur de Claude ! (**).
La confrontation
avec certains des très gros croiseurs naviguant sur le lac est un peu impressionnante au début, surtout sur la ligne de départ. Quoique autorisés par le règlement à nous affranchir des bouées de dégagement imposées aux croiseurs par la présence de quelques herbiers et haut fonds, nous avons mis un point d’honneur à nous en tenir au même parcours. Pas question de profiter des facilités offertes par le tirant d’eau du Maraudeur. Sportivité maraudeuresque oblige !
La longueur du parcours côtier initial (une dizaine de milles) étale vite les bateaux. Les boucles d’environ deux milles qui suivent, en favorisant un certain regroupement, permettent vite de retrouver des bateaux avec qui se comparer. Débutants, ne pas s’abstenir ! N’étant pas, loin s’en faut, des régatiers chevronnés, nous avons beaucoup aimé les Six heures du Der. Ce qui serait chouette ? Y revenir à plusieurs Maraudeurs !