Les péripéties de Loya lors de la régate de La Chapelle sur Erdre - Open HN Erdre + Tour de France Micro - 14/15 mai 2011
La Chapelle sur Erdre - Open HN Erdre + Tour de France Micro 14/15 mai 2011
31 bateaux engagés
- le plus petit rating = un Oceanix TS Groupe 1,5
- le plus élevé = un first class 7 Groupe 15
Ce joli week-end de mai se présentait comme une très belle régate avec d’excellents équipages dont M6 et Craby les imbattables locaux et aussi Pangolin et Micro Mood, respectivement multiple vainqueur du TDF Micro pour Pangolin et vainqueur de la classe régate au dernier mondial Micro à Quiberon et 6e au scratch pour MM.
Cette régate sur 2 jours aura été très sportive de part les conditions et aussi par les multiples événements auxquels Loya aura du faire face.
Bricolage samedi matin
3 heures de route pour atteindre l’Erdre donc roulage le samedi matin tôt pour arriver et nous laisser le temps de bricoler après la mise à l’eau avant le départ de la première manche à 14h. La semaine notre équipage n’est pas dispo donc on fait souvent les derniers ajustements constatés lors de la régate précédente, sur place.
En quelques minutes :
- on change la barre du safran pour une plus courte
- on change le système de poulie d’écoute de GV
- on installe un nouveau support de caméra sur la bôme
Salade d’algues à volonté
Une fois lancé au trot sur l’eau en direction de la zone de départ car on n’est tout de même pas en avance, on constate très vite que Loya n’avance pas comme à l’accoutumée (sensation + vitesse GPS). Que se passe-t-il ? On révise tous les réglages faits avant la mise à l’eau mais tout est correct. Par habitude on relève la dérive pour être sûr qu’elle soit bien propre et à ce moment la barre se met à trembler comme une feuille. On relève le safran et on découvre une monstrueuse salade d’algues qui s’échappe à l’arrière. Ok on a compris et on est rassuré sur le phénomène. A noter qu’on aura passé toutes les manches à relever dérive + safran une dizaine de fois sur chaque aller retour. Merci à Jean Michel Deverin de ses précieux conseils quand on réfléchissait cet hiver pour un nouveau safran (type cata avec système de relevage automatique). On a bien profité de cette option sans modération et à chaque fois on laissait derrière nous une jolie salade. A l'apéro avant le dîner des équipages, beaucoup ont pu nous interpeller à la vue du safran qu'ils croyaient se relever tout seul mais en fait bluffés par la trouvaille, qui n'en pas une mais que l'on ne voit pas sur les autres bateaux qui naviguent avec nous. Pour cette fois c'est la classe Maraudeur qui fait preuve d'innovation vis à vis des autres classes.
Un vent incompréhensible
On apprécie que modérément le vent que l’on pratique sur la Seine mais là, c’était l’enfer. L’orientation était Nord à Nord Ouest et parfois l’inverse, 3 à 4 B, 5 sous rafale. Le vent variait en force et en direction en permanence et le plan d’eau est particulièrement tourmenté à l’Erdre donc c’était le casse-tête total pour 3 raisons :
- Le set up de Loya car selon la force du vent on change beaucoup de choses sur le bateau (étai + mât + drisses + chariot de foc….). On n’a pas arrêté et parfois on a peut-être navigué avec des réglages inversés. Il serait plus simple de garder un réglage standard mais à l’usage on a beaucoup plus progressé en adaptant nos réglages en permanence donc on continue d’apprendre dans cette voix.
- Le positionnement sur l’eau car on a l’habitude de tactiquer sur l’échelle du cadre selon les ados/refusantes qu’on perçoit sur l’eau. Mais là aussi, tantôt on était gagnant car nous positionnant par rapport à des bascules de vent significatives ou des effets de site qu’on a réussi à comprendre lors de notre venue il y a quelques semaines. Mais aussi et malheureusement souvent on a tricoté à l’envers car on virait dans des oscillations qui auraient mérité de poursuivre dans les refusantes. Bref un vrai casse-tête mais diablement formateur. On a eu l’occasion de beaucoup discuter avec les meilleurs locaux et ils nous ont sympathiquement donné quelques clés pour mieux comprendre le mode d’emploi de ce plan d’eau si particulier. Pourquoi nous donnent-ils ces précieux conseils alors que nous sommes concurrents….tout simplement car Loya est fidèle à leur régate depuis 2 ans, qu’ils apprécient ce joli petit bateau et que peut-être la silhouette de nos voiles est connue dans la région car notre maître voilier est du coin.
- Et enfin la troisième source de difficulté dans ce vent si inconstant : les manœuvres mais j’y reviendrai plus tard.
Bricolage du samedi soir
Non content de notre première journée musclée, on rentre au port avec un peu de casse heureusement survenu sur le dernier bord de près de la dernière course de la journée. La patte de fixation au pied de mat a cédé. Elle supporte le taquais de cunni de GV mais surtout la manille d’attache du hale bat de baume. Petite opération chirurgicale et tout est rentré dans l’ordre avant le repas des équipages au club de l’ANCRE.
Les départs
Nos meilleurs départs auront été tous ceux où le comité de courses aura signalé un rappel général. Dommage car on ne faisait pas partie des anticipés. Sinon l’affrontement sur la ligne était marrant, nombreux étaient ceux qui montaient un peu dans les watts car la ligne était courte, 31 bateaux sur l’eau et une partie de la ligne avec un champ d’algues qu’on a fini par localiser nous donnaient des fenêtres d’exploitation très courtes. Nous avions choisi des options audacieuses avec l’obligation de relever la dérive et le safran vers la minute 30 avant le départ donc à chaque fois c’était très tendu. Après chaque rappel général, le comité de courses relançait la procédure sous drapeau noir (qui implique une disqualification si on est au dessus de la ligne dans la minute) donc là plus question de jouer avec la ligne dans la minute. On est encore assez inconstant dans les départs et on doit progresser dans cet exercice car le résultat final de chaque manche et fortement influencé mais notre capacité à nous dégager rapidement sans être masqué. C’est le plus gros handicap de Loya. Il est efficace dans du vent frais mais dès qu’on est au contact avec d’autres bateaux forcément systématiquement plus imposants, on peine à atteindre nos cap/vitesse cibles.
Les manœuvres
Nos figures ont été assez nombreuses et spectaculaires pour en faire une petite rubrique à part entière.
Au près on a subit des virements soudain foc à contre sans que le vent nous prévienne. On a parfois viré alors que le vent changeait brutalement d’orientation. Donc l’écope a bien fonctionné ce we car le Naviking n’est pas autovideur et malgré la mise en place cet hiver d’un dispositif dans le caisson arrière, on a constaté sur les premières régates de l’année que ça ne fonctionnait pas. Sauf à surélever la baignoire pour y remédier comme sur certains bateaux de la classe mais on dégraderait le centrage des masses donc le centre de poussée et le couple de rappel ; on préfère donc écoper.
Pas facile au près de compenser dans du vent soutenu de telles variations en force et en direction mais avec le recul c’était de la rigolade par rapport au vent arrière sous spi. Dans de telles conditions il aurait été plus raisonnable de s’abstenir d’envoyer le spi mais le niveau est tel que si on vise un bon résultat il faut envoyer. Le passage du goulet très sportif, les empannages encore plus sportifs et l’affalage au dernier moment et reprendre les réglages de près sans rien avoir oublié nécessite beaucoup de vitesse et de précision dans les manœuvres. Un petit grain de sable et on va au tapis.
Pour exemple 2 jolies manœuvres de Loya sur des manches qui j’espère sont celles où nous avons branché notre vidéo embarquée car ça valait le détour.
Un départ au lof classique où on manque de mettre le mat dans l’eau. Avec seulement 2 équipiers à bord c’est toujours un peu tendu sous spi quand on doit passer brutalement de largue serré à vent arrière avec en plus des claques difficiles à anticiper. Sur Loya, selon les allures les réglages ne sont pas les mêmes et aussi le positionnement de l’équipage car l’assiette du bateau est essentielle. Le Maraudeur n’est pas aussi vaste que notre salon donc parfois on se marche un peu sur les pieds.
Mais la plus télégénique fut un empannage catastrophe durant la 5e manche où on avait fait un début de manche fabuleux et au retour du premier tour on est au contact des meilleurs avec notre annexe jaune en plastique. On tente de passer le goulet près de la berge gauche dans l’aspi des gros bateaux beaucoup plus stables (plus le bateau est gros et lourd, plus il peut encaisser les variations), la vitesse instantanée affichée est à près de 7 nœuds, on n’est pas encore au planning mais les vagues d’étrave commencent à se signaler. A ce moment on est à quelques longueurs de la berge mais proche de la sortie du goulet. Si le vent ne varie pas, pas besoin d’empanner et on ressort comme une balle en bonne position avec une trajectoire très tendue vers la prochaine bouée mais si le vent varie on est mal. Que pensez-vous qu’il advint ? Le vent à changé de direction brutalement ; le temps de tenter un empannage en catastrophe pour se dégager, Loya vient se planter dans les arbres sur la berge. L’équipage d’habitude très calme commence à s’exciter sérieusement car on craint d’avoir abîmé pas mal de chose à commencer par le spi dans les branches. On affale en prenant soin de ne rien déchirer, on sort la pagaie pour se dégager (on a le droit dans ces conditions sans être DSQ). Une sécu nous rejoint et nous propose de nous tracter pour nous sortir de ce mauvais pas, on l’envoie gentiment aller voir ailleurs. Et au bout de quelques minutes on arrive à se dégager (spi, dérive, safran….). On repart comme à la mine, on renvoie le spi immédiatement histoire de vérifier qu’il n’est pas déchiré. Tout est nickel sur le bateau sauf qu’on est envahi de branches. O miracle la girouette est encore la !!! On termine la manche tout de même à la 5e place c’est dire si on était bien placé avant notre séquence d’accro-branche. Le plus drôle dans l’histoire c’est le vététiste qui circulait sur le sentier longeant la berge qui a eu un mouvement d’effroi quand il a vu un ofni jaune lui foncer dessus au moment où il passait à l’endroit où on s’est planté.
Les réclamations sur l’eau
Nos récents échanges mail avec certains concernant les pratiques de réclamations sur l’eau auront vu certaines s’illustrer le dernier jour de course.
A notre avantage 2 refus de tribord dont 1 sur un Edel 2 qui ne nous avait pas vu et nous oblige à virer pour éviter un gros crash. On lui fait le signe de tourner sur lui-même avec le doigt et il s’exécute immédiatement pour ses 2 tours de pénalités. Par contre un vilain J22 nous force le passage alors qu’on lui signale qu’il ne peut passer sans nous faire abattre. Brigitte abat largement aussi pour marquer l’évidence de la faute et je réclame sur l’eau une réparation immédiate en hélant son numéro de voile. Rien n’y fait, encore un gros bateau qui ne respecte pas les autres peut-être sous couvert de la taille de Loya. Je sors le drapeau rouge qui indique plus clairement notre intention de ne pas en rester là si besoin. Il a tout de suite compris et exécute rondement un 360°. Quelques longueurs plus loin, il nous recroise pour s’assurer que l’on a bien constaté qu’il a effectué sa pénalité. On a bien vu sauf qu’il n’a fait qu’un tour, je lui fait signe qu’il en manque un. Il fera finalement son second tour dans la foulée……non mais !!!!
Mieux vaut gérer selon nous comme cela les réparations sur l’eau et éviter les réclamations devant le jury mais si nécessaire on doit toujours faire valoir le respect des règles par tous sinon sur l’eau ça devient Ok corral et le risque matériel est évident au-delà de l’intégrité sportive autant que morale. D’ailleurs sur le ponton l’équipage est venu s’excuser car ils ont reconnu avoir tenté de forcer et répondu très honnêtement que si on n’avait pas sorti le fanion rouge, ils n’auraient pas réparé. Un bateau de plus qui respectera Loya à l’avenir comme ceux autour qui ont constaté l’incident.
Par contre à notre désavantage dans la dernière manche, on a nous aussi effectué une petite pénalité sur l’eau à l’issue d’un départ où on s’est intercalé dans une phase de contact au vent d’un Corsaire où on n’a pas répondu assez rapidement à son lof ( et pour cause on était sous drapeau noir) sous peine de franchir la ligne quelques secondes avant le départ. Le concurrent réclame à juste titre, on se dégage du contact pour réparer immédiatement et on repart en queue de peloton pour une pénible remontée. Ca sera notre plus mauvaise manche. C’est le jeu, on doit l’accepter.
Les marauds locaux
Nous étions ravis à l’avance de participer à cette régate car on sait qu’il y a 3 maraudeurs au club de l’Ancre et on pensait revivre une flotte sympa comme à Dennemont la semaine précédente. On s’est un peu trompé car finalement nous étions le seul Maraudeur sur l’eau. Certains marauds étaient présents malgré tout et on a pu pas mal discuté de choses et d’autres. Loya fut comme souvent une bonne source d’inspiration pour certains et de compliments pour d’autres. Nicolas le skipper de Micro Mood nous affirmant que notre bateau est très joli sur l’eau (une belle ligne, de belles voiles et aussi une bonne maîtrise dans les manœuvres acrobatiques).
Le classement final
5e au général sur 6 manches courues avec 2 manches de 2. Devant nous 3 locaux très performants sur un Neptune, un Corsaire, un Express 600 et Micro Mood le Neptune 5.50 vainqueur du Mondial Micro Régate l’été dernier. Finalement pas si mal compte tenu de nos péripéties. Les courbatures et les bleus sont bien présents mais ils passeront alors que les souvenirs eux resteront.
Prochaines régates de Loya
TDF Micro / HN Vassivière 21/22 Mai
Championnat de France des Croiseurs Légers 2/3/4/5 juin à Troyes