Une histoire qui se répète après bien des années....! Un Maraudeur Champion de France !!
Une histoire qui se répète après bien des années....! Un Maraudeur Champion de France !!
Le championnat de France de Voile inter séries des Croiseurs Légers 2010 a eu lieu sur le Lac d'Orient près de Troyes. Il regroupe les bateaux appartenant aux classes A, B, R1, R2 et L. Sur ce magnifique plan d'eau, avec de superbes infrastructures, nous avons pu naviguer un total de 8 manches.
Une météo assez fraiche pour la saison, avec des vents assez faible pour 2 manches, et allant jusqu'à force 3 pour les autres, sur un total d'environ 66 milles, avec des vitesses moyennes de 3 à 5 nœuds.
La participation de LOYA, le petit Maraudeur jaune, était planifiée depuis longtemps, et il nous tardait de nous mesurer dans une compétition de très bon niveau face à d'excellents régatiers comme nous avions pu le constater à Annecy l'an dernier. Pour notre première participation en 2009 nous avions obtenu dans des conditions de vent très faible une méritoire 9e place sur 41 inscrits qui nous avait donné envie de revenir avec d'autres ambitions.
Cette année les classes A et B étaient regroupés, soit 42 bateaux au départ. Seul 1 Maraudeur parmi des Neptune 550, Express 600, Kelt 6.20, Edel, Corsaire, Belouga, First 211 et autre Microgem, Microsail, ...
Après la préparation du bateau et quelques régates d'entraînements en début de saison dans du vent fort, nous avions été confrontés à des soucis de pied de mat récurrents qui nous avaient contraints à de grosses réparations (opération résine + grosse épontille pour renforcer l'ensemble).
C'était donc un peu dans l'inconnu mais convaincu de la fiabilité retrouvée de LOYA et capable d'affronter du gros temps que nous arrivions déterminés pour un beau championnat agrémenté de duels acharnés du 13 au 16 mai.
Le site étant proche de la région parisienne nous sommes arrivés la veille de la journée consacrée aux formalités administratives (inscription et jauge). Arrivé tôt le matin les formalités étaient vite expédiées, puis la préparation du bateau avant la mise à l'eau. Un petit en-cas le midi et nous étions prêts pour quelques manches d'entraînement l'après-midi. L'issue de cette petite répétition, il est vrai sans tous les participants, nous donnait de bonnes sensations sur la vitesse de LOYA et son adaptation aux conditions du moment.
Une grande préoccupation nous habitait néanmoins concernant les départs car lors des manches d'entraînement nous n'avions pas été gênés : toute la flotte n'était pas encore sur l'eau, mais lors des manches officielles, il n'en serait pas de même.
Même si le comité de course avait mouillé une ligne très longue notre handicap au départ fut un difficile casse-tête à chaque manche. Où partir quand on est quasiment le plus petit bateau de la flotte avec des surfaces de voile ressemblant à des mouchoirs de poche au sein de bateaux plus puissamment toilés, capables de nous masquer et nous sortir en cap lors des première minutes décisives après le départ ?
On aura tout essayé avec succès et difficultés selon :
- le positionnement de la flotte,
- le côté favorable de la ligne,
- les nuances de pression du vent et son évolution dans les dernières minutes.
Autant dire que nous n'avons jamais pu partir comme nous le souhaitions mais nous avons tenté de limiter les dégâts des premières minutes afin de nous dégager assez vite pour faire avancer LOYA efficacement avec parfois des options obligatoirement audacieuses de par ce handicap initial.
Ce préalable du départ étant analysé, à nous de nous jeter dans la meute et place à la régate.
Le premier jour de course le vent fut aux abonnés absents le matin et la compétition ne put être lancée que vers 14H30. Trois manches courues à observer les autres classes dont le départ avait lieu quelques minutes avants nous afin de décrypter quelques pistes et situations à éviter.
Lors de la première manche dans un vent léger et à notre grande satisfaction nous étions groupés avec des bateaux normalement bien plus rapides que nous et notre feeling était positif. Une seconde et une troisième manche furent courues et de retour au ponton le petit débriefing était globalement positif avec la sensation d'avoir réalisé une très bonne manche, une bonne et une moyenne.
Les nombreuses réclamations et pénalités pour départ prématuré ne nous auront pas permis de nous endormir avec la connaissance du classement officiel.
Le matin du second jour les classements ne sont toujours pas affichés et nous partons donc sur l'eau toujours en aveugle sur notre classement. Qu'à cela ne tienne, on n'a qu'à continuer de faire comme d'habitude c'est à dire du mieux qu'on peut. Avec la volonté de prendre plus de risques que la veille, nous tenterons des options au départ plus osées.
Mal nous en a pris parfois, car en paquet près du bateau comité avec des "gros" qui ne respectent pas les "petits" et qui ont une tendance à oublier les règles basiques de priorité du bateau sous le vent avec obligation de se tenir à l'écart jusque bout au vent si besoin avant le départ, sans compter les vilains qui abattent sur la ligne comme si vous n'existiez pas, ce fut un peu la course poursuite toute la journée.
- au près, au delà du positionnement tactique sur le plan d'eau selon l'évolution du vent, il aura fallu beaucoup travailler le set up du petit bolide jaune de manière très dynamique car le vent évoluait en force assez souvent. L'assiette générale de LOYA était aussi très importante car son efficacité en dépend. Donc nous étions très concentrés sur beaucoup de paramètres à la fois, les penons pour orienter au mieux en permanence notre moteur, le compas pour tactiquer rapidement et efficacement, la vitesse du bateau pour travailler les tensions, les autres concurrents sur l'eau qui parfois pensaient que le petit Maraudeur était là par erreur et enfin un travail essentiel d'approche de la bouée au vent car les lay-lines étaient très évolutives avec un effet de site très perturbant. On a eu l'occasion de constater que nous avons beaucoup progressé dans cette phase importante car nous n'avons jamais été mis en situation délicate bien au contraire, on sortait souvent mieux de ces phases qu'on y entrait.
- sous spi on a plutôt passé les multiples descentes à tenter de trouver les bons réglages car notre spi est neuf et on n'a très peu eu l'occasion de le tester jusqu'à présent. Nous avons entr'aperçu un compromis moyen qui semblait ne pas nous faire trop perdre sur les "gros" et pu améliorer nos rapidités de manœuvres et gestion de la bouée qui nous ont fait gagner de nombreuses places au scratch.
Restait à connaître le résultat en temps compensé...!
Après 3 manches courues, émargement en rentrant au port et rangement du bateau un petit coup d'œil à l'affichage et petit ouf de soulagement car le classement affiché après 4 manches courues affiche LOYA premier avec 2 places de 1 et 2 places de trois. Petite surprise car mieux que ce qu'on pensait donc assez optimiste pour la suite et satisfait de batailler en tête pour l'instant.
Le lendemain matin le classement affiché désormais à l'issue des 6 manches courues en 2 jours confirme LOYA comme leader des classes A et B. Notre avance est sensible car nous n'avons pas fait de faute sur l'eau (OCS ou DSQ) contrairement à nos principaux concurrents donc les décomptes de manche peuvent faire basculer le titre à partir d'une 7e manche courue.
Les manches de la troisième journée seront donc décisives. A cet instant de la compétition notre analyse est la suivante; avec les décomptes nous devons absolument tenter une nouvelle victoire de manche car si nos adversaires ne font pas d'erreurs, ils pourront décompter leur second plus mauvais résultat et le podium final sera très serré.
La première manche est lancée donc à l'heure malgré un vent très faible. Notre départ est plutôt correct car nous prenons le risque de jouer le bateau comité pour nous dégager rapidement contrairement à nos adversaires qui ont plutôt opté pour la gauche. Le pari est audacieux car si le vent rentre, on projette que ce sera par la droite et on en sera les premiers bénéficiaires. Par contre le risque est osé car on ne marque pas nos adversaires. Durant les premiers bords où on garde la droite, on n'est pas les mieux positionnés en approche de la bouée au vent mais on parvient à ne pas perdre en latéral et à maintenir une vitesse identique à nos adversaires. Si le cardio fréquencemètre était de mise, il aurait sûrement affiché des pulses très rapides car dans ces conditions de tout petit vent il ne faut surtout pas paniquer pour ne pas trop brider LOYA et surtout rester confiant dans notre tactique si les conditions nous le permettent !
Après quelques minutes nous continuons d'approcher de la marque mais toujours positionné à droite et avec un retard sensible sur la tête qui s'est creusé. Une minuscule brise apparaît comme espérée par la droite mais malheureusement très au-dessus du cadre. Quelle option prendre, perdre beaucoup en latéral et en distance par rapport à la bouée et tenter cette option audacieuse d'aller chercher cette mini risée qui nous ferait descendre hors cadre au largue sur la bouée avec plus de vitesse que la flotte mais si et seulement si la pression ne s'est pas envolée quand LOYA se sera entêté à aller la chercher ?
On est la pour jouer et pas pour faire les épiciers donc on continue notre option jusqu'au bout et quelques minutes plus tard un petit sourire commence à poindre au coin de nos lèvres car on vire dans la risée qui nous a gentiment attendue direction la bouée. La vitesse du GPS s'affole, on passe de 1,2 nœud à 2 puis 3 nœuds et on commence à glisser sans faire de fixation sur la bouée en prenant soin de ne pas lâcher la loco. On arrive sur la bouée tout décoiffé par ce petit bord de largue en même temps que nos adversaire verts de rage; donc autant dire qu'on est en tête et de loin.
Ensuite le comité de course décidera de réduire la manche faute de vent ce qui nous permettra de garder la tête en compensé et de voir d'autres bateaux s'intercaler entre nous et nos adversaires.
Petite accélération cardiaque en coupant la ligne car beaucoup de bateaux arrivent en même temps ce qui sera un vrai cauchemar pour le pointeur. Notre bateau nain est bien sûr masqué par un plus "gros", un Open 5.70. On n'entend pas le pointeur annoncer le numéro de voile de LOYA donc on s'empressera de s'assurer du témoignage de l'Open au cas où.
En attendant que soit lancée la dernière manche qui sera finalement un côtier après 7 construits classiques, un concurrent en passant près de nous nous déclare que nous avons eu beaucoup de chance sur la manche précédente. On sourie sans rien dire, on se retourne, on se regarde et quelques secondes plus tard l'équipage de LOYA se bidonne joyeusement car si une manche s'est déroulée exactement comme prévue c'était bien celle-ci.
Pour conclure la dernière manche, on aura fait le plus mauvais de tous nos départs. Complètement bloqué au comité avec un Edel qui nous empêche de virer et ce qui nous oblige à couper la ligne en 41e position, cette dernière manche sera un long purgatoire. Le vent sera monté et on aura réalisé notre plus haute vitesse moyenne de toutes les manches courues soit 4,3 nœuds de moyenne. On aura remonté une bonne partie de la flotte mais les options tactiques sur ce côtier étaient assez limitées et le petit train train ne nous a pas permis de nous dégager assez pour avancer vite. Résultat une 9e place qui sera notre plus mauvaise place et sera donc décompté.
Au ponton beaucoup s'accordent à pronostiquer notre victoire finale au vu de notre première manche du dernier jour mais tant que le résultat n'est pas officiel, nous resterons très prudents. Au fond de nous avant la proclamation des résultats officiels on est déjà très contents de s'être bien battus en tête et d'avoir pu évoluer sur un beau plan d'eau avec toutes sortes de conditions de vent. Une expérience qui restera un excellent souvenir.
Après les discours usuels des autorités locales et régionales nous remerciant de notre participation, la proclamation des résultats confirmera le titre de LOYA le petit Maraudeur jaune qui marche (presque) tout seul avec Brigitte qui s'accroche à la barre et Patrice au reste. A noter que c'est ce titre la qui aura provoqué le plus d'enthousiasme dans la salle car personne 4 jours plus tôt n'imaginait cette petite coque de noix si attachante mais tellement efficace.
Le second est CRIJOSAN un Neptune 550 champion les deux années précédentes et le troisième CRABY un express 600 également très rapide.
Un petit regret sur la route du retour sera de n'avoir pu participer au National Maraudeur cette année car il était planifié en même temps que le Championnat de France. On ne pouvait pas se couper en deux mais on espère que l'an prochain les calendriers seront compatibles afin de profiter du sympathique et néanmoins sportif rassemblement des Marauds et pouvoir peut-être aussi défendre notre titre 2010.
Les discussions familiales seront désormais alimentées par cette merveilleuse histoire où la fille de Robert Humbert aura su également remporter un titre de Champion de France à la barre d'un Maraudeur, 28 ans après son papa qui fit de même en 1982, alors qu'elle était équipière et encore adolescente.
A l'époque ce n'était pas Loya, et il n'était pas jaune mais vert. Et Loya a remporté de nombreux succès avec Robert mais jamais ce titre qu'il était naturel que sa fille complète l'histoire.
Bon sang ne saurait mentir !!!!!
LOYA aura dignement représenté ce merveilleux petit bateau qui mérite qu'on s'attarde sur ses capacités sportives et qu'on encourage encore plus de Marauds à s'investir dans de nombreuses régates sur l'eau.
Au plaisir de se revoir très vite sur l'eau.
(la photo représente Robert - le papa - et Brigitte au championnat de France des croiseurs côtiers en 1982)
Patrice et Brigitte sur "Loya" (mai 2010)