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Catégorie : Régates 2009
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National 2009 :

La Sardine

triomphe

dans le vent

la sardine

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Du vent, du vent et encore du vent. Allez, tout le monde au rappel !
Le National est de plus en plus chaudement disputé.
Personne ne voulait céder un pouce de terrain.
Dessalages en série, suspens jusquà la dernière manche.
Ah quel National épique !



Chère Florence Herbulot...
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«Ce serait sympa qu'on raconte tout ça à Florence Herbulot !» : l'idée est venue à Claude au cours de l'avant dernière manche du National Maraudeur 2009. Une envie de vous dire le plaisir à naviguer sur un des plus anciens et toujours fringants Maraudeurs, de saluer le coup de crayon inventif de votre père. Il est comme ça, Claude : douze idées à la minute, un flot d'équinoxe incessant! Problème : quand je barre son Rovan en régate, numéro 81 de la série, je ne suis pas toujours animé d'un farouche désir de babillage. Mon coté ours... J'ai envie de concentration. Misère! Mais voilà : comme l'assure régulièrement Jean Luc, le barreur de La Sardine, l'équipier est un mal nécessaire. Et réciproquement...Dans notre cas, cela ne s'est jamais terminé à coup de tangon, ni même par des noms d'oiseau. Impossible d'ailleurs de vraiment s'énerver : les idées de Claude sont toujours intéressantes. La preuve, Mademoiselle: le bloc sur les genoux, à l'ombre du club-house du YC Der tellement il fait chaud sur la terrasse en ce lundi de Pentecôte, je vous écris cette lettre. Du vent, du vent et encore du vent. Allez, tout le monde au rappel ! Le National est de plus en plus chaudement disputé. Personne ne voulait céder un pouce de terrain. Dessalages en série, suspens jusqu'à la dernière manche .... Ah quel National épique !
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25 Maraudeurs ont régaté au lac duDer pour le National. Du soleil et du vent, parfois même beaucoup de vent, pendant trois jours. Les troispremières manches disputées avec un force 5 établi et des claques à six laisseront quelques souvenirs ! Etaprès ? Il y a toujours eu du vent. Et de jolies lumières. Une vraie carte postale.
Nos amis du YC DER avaient bien fait les choses: accueil chaleureux, appontements réservés, organisation sans faille.Un grand, un très grand merci à Daniel Laurent et toute son équipe, ainsi qu'à nos amis de la FFV, Guy Nilès et JacquesTerrasson.
 
 
 
 
 

1.img03La Sardine enfin !

Vous souvenez vous Mademoiselle, de ce Gallois rouge arborant fièrement à l'étrave une sardine hilare ? Son infatigable équipage toulousain est de chaque National, toujours dans le peloton de tête. Et bien, ça y est : Denis et Jean-Luc sont montés sur la première marche du podium. Oh, d'un rien ! Au départ de la dernière manche, un point les séparait de leur concurrent direct. Epique ! Brigitte et Patrice, toujours en embuscade, sur Loya n'étaient pas loin. Mais c'est fait, les Sardine Boys ont gagné. Nous sommes vraiment contents pour eux. Cette année pour la première fois depuis longtemps ils n'ont jamais démâté. Ni à terre, ni sur l'eau. Ça a totalement perturbé leurs adversaires, empêtrés dans la vaine attente de ce moment rituel. De la haute stratégie !
 
Et Rovan, le bois de Claude construit en 1959 ? Oui, il y a cinquante ans ! Sixième, Mademoiselle ! En devançant Bezot dans les deux dernières marches, nous avons fait rempart à la horde d'équipages du YC Andelys qui occupent le classement de la septième à la douzième place. Le YCA est-il encore un club ? Vu du National 2009, plutôt un bataillon nautique, une armada vélique, une escadre soudée. Notre meilleure manche ? Cinquièmes ! Et sans spi : le bateau n'en est pas encore équipé. Et de toute façon, petit préalable qui n'a rien d'une formalité, nous devons apprendre à nous en servir. Aucun regret le premier jour. Pas un n'a osé l'envoyer. Après ça nous démangeait, même si Rovan a brûlé la politesse à plus d'un adversaire sous spi...

1.mg04T'as vu ? L'étai est tout mou...

Rovan est impeccable, comme neuf. Alain peine à le croire : il ne prend pas une goutte d'eau. Pas une seule ! Ni l'an passé, ni cette année. Les idées de Claude ! La méticuleuse restauration de Rovan est une réussite. Bon, c'est vrai : le pied de mat, épris de liberté nous a causé quelques soucis. «Dominique, tu as vu ? L'étai est tout mou. Le boîtier d'étarquage est à fond alors qu'habituellement je ne dépasse pas la moitié. Il se passe quelque chose de grave».
Non, je n'avais pas vu ! Je sentais bien qu'on n'avançait plus. Je me disais : «tu barres comme un cochon. Concentre toi !...»
Claude est inquiet. Moi, incrédule : on a tout vérifié et re vérifié. Pourtant tout est affreusement mou. Mais le mat ne semble pas vouloir tomber.
Alors quoi ? Demi tour immédiat ou pas ?
Nous tergiversons.
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Dernier bord de portant de la sixième manche. Nous sommes en train de dépasser un concurrent. Allez on le croque ! Toujours ça de pris.

On finit la manche, et on rentre. Nous finissons au ras du bateau comité. Nous l'informons de nos ennuis. Direction le port de Nemours, au ralenti. Tiendra, tiendra pas jusqu'à l'arrivée ? Le gréement a encore molli. Pas de chance, il faut tirer des bords au près.
Petite cause (un axe arrière un peu faible et peut-être mal assuré ?)
grands effets. Heureusement que le roof était solide, car le mât
aurait pu le transpercer et en se couchant , le faire éclater, ainsi
que le pont. Claude s'est dépanné en posant (ci-dessus) deux
boulons et va remplacer le rail trop mince.
Chacun garde ses réflexions pour lui. Claude n'avouera qu'après coup avoir utilisé un serre-câble de 4 pour l'étai de 3 mm de diamètre. Gloups !!! Mais ce n'était pas ça. A son emplanture désignée, le mat a préféré le confort de la bulle de Rovan, dans laquelle il s'est profondément piqué. Il a eu la bonne idée de ne pas descendre dans la cabine. Nous l'avons échappé belle ! L'ancien mat de Fireball a du se sentir orphelin d'étambrai ! .

Les vertus de l'épicéa

Il a suffi à l'espar volage de casser la butée arrière du pied de mat, et de reculer. Ah, c'était ça le bruit que nous entendions de temps en temps.... Nous ne le comprenons qu'à terre. Impossible d'affaler, la drisse est coincée sous le mat, encastré dans la bulle. Emotions rétrospectives... Allez hop, direction la remorque, démâtage, et réparation. Jean Louis avait prévenu : «les forces qui s'exercent au pied de mat sont complexes. » Difficile à imaginer ! Le National nous aura appris que le pied de mat doit être impeccablement calé dans un rail solide.
Nous étions déjà persuadés depuis Vouglans que la coque était excellente, d'une magnifique raideur. Il faut dire qu'avec des lisses en épicéa du Haut Risoux.... Demandez à Denis et Jean Luc : ils sont initiés. Avec quoi avons-nous re-calé le pied de mat pour pouvoir reprendre le départ ? Des lamelles d'épicéa. Indispensable à bord ! Le remplacement du mat bois par un Proctor D d'occasion prélevé pour 150 euros tout rond avec sa bôme sur un Fireball, et un jeu de voiles neuves en Yarn (moins de 1000 euros chez Sails Concept) a métamorphosé le comportement de Rovan. Quel plaisir de naviguer ainsi!
Les Toulousains, Antoine, Didier, Babar avec qui nous avons, entre autres, beaucoup discuté de National en National, voyaient juste. D'ailleurs, il nous est cette année arrivé d'être très près d'eux à la bouée au vent. Ça nous a fait un choc ! Leurs conseils toujours simplement et gentiment donnés (même quand, jadis, nous n'y comprenions rien !) nous ont été précieux. Des voiles de qualité aident vraiment à avancer. Nous avons aussi petit à petit commencé à apprivoiser le vent et les réglages du gréement. Et même débuté l'apprentissage des règles. Mais oui ! Nous progressons et cela nous ravit : ardu mais excitant.

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2.img07A l'assaut des règles

La procédure de départ garde pour nous encore beaucoup de mystères. Mais, à force de lire, le sabir régatier (les règles !) s'éclaire petit à petit. Plus question, Mademoiselle, de nous laisser lofer au delà de sa route normale par un bateau rattrapant s'engageant sous notre vent par l'arrière ! Ah, ça non. «Au lof !» «Et ta soeur ? Pas d'eau ! Pas d'eau ! » Non mais !!!
Evidemment, bien qu'ayant (à grand peine !) mémorisé la page 28 du Réglitacter, une des oeuvres majeures d'Antoine Boutron, tout ça n'est pas encore à l'état de réflexe. Loin s'en faut. Alors, indépendamment du réel plaisir que j'ai maintenant à le faire, quand Claude me parle de vous écrire en pleine action sur l'eau, ça m'embrouille. Rires ! Courir le National sans lui ? Inimaginable, Mademoiselle, trop de plaisirs maraudeuresques partagés !

Tapavumirza solitaire brillant

1.img06Notons le toutefois : naviguer sans équipier est heureusement possible. Les vaines querelles à ce sujet sont éteintes. Alain Chanet, en solo cette année encore, a fini cinquième. Personne ne pourra dire, sauf à faire preuve d'une énorme mauvaise foi, que les conditions de vent avantageaient cette fois-ci les solitaires...
Mettre à l'eau sans équipier était cette année clairement partir avec un handicap. Ce qui n'a pas dissuadé Alain de s'aligner au départ. Mises à part quelques difficultés à comprendre où se situait la ligne, (nous nous sommes sentis moins seuls frappés du sigle OCS !), son Tapavumirza fut toujours clairement aux avant postes. C'est ça, la classe ! Comme d'habitude, le soir, en dînant joyeusement, nous avons eu la tentation, Mademoiselle, de re-dessiner le Maraudeur. Ah, s'il était plus large à l'arrière et donc ainsi plus nettement planant ! Conclusion de ces échanges toujours passionnés : en fait il est très bien comme il est. Votre papa avait vu juste en dessinant ce vaillant et polyvalent petit bateau. La preuve : le Maraudeur est une série bien vivante.
ACB, le chantier qui fabrique désormais le Maraudeur, en a d'ailleurs déjà vendu un. Et l'association devrait en toute logique virer le cap des 120 membres cette année. Evidemment, le pousser dans ses derniers retranchements, au delà probablement du programme de navigation pour lequel votre père l'avait conçu, présente quelques menus inconvénients. Six chavirages cette année ! Il y avait du vent, beaucoup de vent.

Redressable sous conditions

1.img07Il faut tordre définitivement le cou à unelégende à laquelle j'ai longtemps personnellementcru en toute bonne foi. Le Maraudeur,une fois rempli, ne se redressepas comme un simple dériveur. C'est vrai,Mademoiselle : retourné, il est incoulable.Quelle que soit sa génération. Les travauxpratiques du National 2009 l'ont démontré.Le Covadonga d'Antoine, un Spair, a résistéà un nouveau bain. Et Margot aussi :une gamine épatante, pétillante, joyeusele lundi matin de naviguer au moteur aumilieu de la régate. Ben oui : Antoine aaussi cassé son safran. Le Effet Dream de Martial, un bois, dans son total dépouillement, a montré la flottabilité positive naturelle du Maraudeur d'origine.

1.img08Le vidage d'Eliot, un bois plastique, fut une formalité. Enfin aurait pu l'être. «Nous n'avions qu'une écope. Une fois rempli ça fait beaucoup d'eau. Il faudrait avoir un seau à bord », estime Francis. Obligatoire ! Le Mégaleau de Babar (un CNL, photo ci contre), a passé la nuit à l'envers sur le lac. Et Babar une nuit blanche ! Commentaire de l'intéressé - humour aussi inoxydable que le courage - en recevant un parapluie lors de la remise des prix : « notre président doit juger que je n'ai pas eu assez de pépins comme ça ! » Rires ! En tout cas, quel plaisir de voir Mégaleau le dimanche de retour sur sa remorque. Seul dommage : la perte de deux capots.
Le chavirage n'a pas que des inconvénients. Francis et Cécile après leur dessalage du dimanche sur Eliot avaient des idées, semble-t-il, beaucoup plus claires sur les bords à tirer... Du moins est-ce ce que nous avons déduit d'un joyeux échange sur l'eau avec les intéressés. Eclats de rires ! Une chose est certaine : dès qu'il se remplit, à cause d'une porte ou d'un capot laissés malencontreusement ouverts, impossible de redresser le Maraudeur sans aide extérieure. Même avec une très grosse expérience comme celle d'Antoine ou de Babar. Un peu juste, la flottabilité de Covadonga, le Spair d'Antoine.... Le Mégaleau flotte très haut, car ses volumes de flottabilité sont importants. Si sa porte avait été fermée.

Buoyancy bags

1.img09L'affaire n'est pas, en soi, perdue d'avance : l'équipage de Manyc, avec deux enfants à bord, naviguait porte fermée. Cette précaution de base, on ne le répétera jamais assez-, lui a permis de redresser son Maraudeur (un des rares SEB Bois) sans coup férir, Ajoutez des volumes de flottabilité placés sous les plats bords, dans les coffres, et sous le pont dans la cabine. Et le Maraudeur devient véritablement redressable. Limitation du volume d'eau embarquée, flottabilité au bon endroit : résultat garanti.
«Salon du Maraudeur» selon l'heureuse formule de Flavien Bascoul, journaliste stagiaire chez Voiles et Voiliers, le National 2009 a ouvert des perspectives anglaises. Traductrice chevronnée, vous allez, Mademoiselle, sourire de mes découvertes. Dans la langue de Shakespeare, volume de flottabilité gonflable se dit «Buoyancy bag», expliquait Jean Michel à qui voulait l'entendre. Enfin entre deux photos de nos maraudeurs réalisées sur son frêle esquif ! Vraiment sympa de voir les photos de Maraudeurs en course. Merci Jean Michel.
Revenons aux «buoyancy bags». Les catalogues des accastilleurs anglais en regorgent à des tarifs deux fois moins élevés qu'en France, dans une grande variété de formes et de contenance. Et vendus avec de quoi les amarrer dans les règles de l'art, valves de sécurité, etc... Cumulables avec la bonne vieille chambre à air de camion, bien sûr.
Tout cela n'est pas homologué en France à la différence du Royaume Uni. Mais contrairement à la France, la pratique du dériveur est très développée Outre Manche. Alors que vaut-il mieux ? Ne pas pouvoir, dans le respect d'une pure orthodoxie administrative, redresser son Maraudeur chaviré, ou repartir hors la loi ? Chacun conclura suivant ses préférences. A l'étape, on dégonfle ou on amarre dans le cockpit, chacune conclura selon ses préférences, et on dort dedans, comme d'habitude.

Nos amies les grenouilles

C'est comme pour les moustiques : il faut choisir. Planter sa tente au bord de la forêt qui borde le port de Nemours ? Attention aux escadrilles voraces ! Au bord de l'eau, en revanche, tout était calme, coassement des grenouilles en prime. Une bête adorable qui mange les moustiques. Merci à l'équipe du YC Der de nous avoir laissé nous installer en toute liberté. Quel bon accueil ! Finalement nous n'avons pas encore cette année dormi dans le bateau. Pourtant avec les places au ponton mises à disposition pour tout le monde, cela aurait été facile. A faire l'an prochain, avec un tas d'autres choses.
Ne pas oublier des pochettes en plastique pour mettre à l'abri les instructions de course, les lire (!), apprendre à naviguer sous spi, améliorer le taquet de réglage de la bordure de grand voile, apprendre (par coeur, oui, toi aussi Claude !) les pavillons qu'on voit sur le bateau du comité de course, modifier l'implantation de ces (censuré !!! de) crochets de taud qui bloquent la grande écoute à l'improviste. Et modifier le réglage de dérive pour naviguer porte fermée, marquer le bout pour la régler.... Si, si, j'insiste sur ce dernier point. Vous l'avez compris Mademoiselle : nous sommes déjà au National 2010, celui du cinquantenaire de l'AS.Maraudeur.

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Une des deux cales de mise à l'eau et habitat de nos chères grenouilles.
Derrière,en surplomb, le vaste terre plein, dortoir pour certains...